Les papys font de la résistance

A l'heure où les jeunes dictent la loi et sont de plus en plus médiatisés, certains briscards parviennent encore à tirer leur épingle du jeu, parmi lesquels Christopher Horner, Jean-Christophe Péraud ou encore Cadel Evans. Pourtant, ces coureurs ne connaissent pas le succès médiatique qu'ils devraient connaître et sont même souvent critiqués.

Le vélo est reconnu pour être un sport qui aide à bien vieillir, et il est vrai que beaucoup de coureurs d'un certain âge parviennent encore à réaliser de jolies performances. Des performances comme celles de Cadel Evans. L'ancien vététiste, que tout le monde croyait mort, a encore réalisé un joli début de saison, entre sa deuxième place sur le Tour Down Under et sa victoire sur le Tour du Trentin. Pourtant, peu de personnes semblent prendre l'Australien au sérieux, lui qui est candidat à un podium sur le Giro. Mais que manque-t-il alors à Evans ? Du panache ? Oui, c'est sûr, mais ce n'est pas la raison principale. D'ailleurs, Evans a toujours manqué de panache, mais pourtant, ça ne fait que quelques mois qu'on l'oublie. C'est vrai qu'on ne voit pas souvent une interview de Evans, voir d'autres briscards comme Horner ou Péraud, à l'inverse d'autres comme Démare ou Pinot qui font souvent la une des journaux cyclistes. "Il manque de la fraîcheur chez les vieux, nous ce qu'on veut, c'est des mecs qui se prennent pas au sérieux. Les quadragénaires passent pour plus intelligents que les lecteurs et ça en devient gênant", m'a relaté un confrère d'un journal cycliste. Même si sa manière d'évoquer ce phénomène m'a paru réductrice, il faut avouer qu'il a raison. Les ex futurs retraités du peloton professionnel ne vendent pas de rêve, à quoi bon les supporter alors qu'ils vont bientôt s'éteindre, qu'ils ne progresseront plus. Telle est la dure loi du vélo: quand tu as vingt ans, tu as quinze années devant toi, quand tu en as 35, tu n'en as plus que deux ou trois.

Et si les journalistes et spectateurs n'en devenaient pas jaloux... Nous sommes le quinze septembre 2013, Horner a officiellement remporté la Vuelta, et pourtant, personne ne s'emballe. Pire, certains avancent que l'Américain serait dopé. Surtout des Français, au passage. C'est vrai qu'on aime souvent les perdants, mais jamais les gagnants. Comme Froome qu'on aimait dans l'ombre de Wiggins, mais qu'on déteste leader. Comme Kennaugh qu'on aimait dans l'ombre de Froome, mais qu'on détestera leader.... Mais là, on va plus loin. Le fait que Horner soit plus âgé impliquerait-il le fait qu'il soit dopé ? C'est plus que confus. Poulidor par exemple, nous ne nous sommes jamais posé cette question. certainement parce qu'il était français, mais aussi parce que les mentalités ont changé. A son époque, Merckx était un héros. 20 ans plus tard, il serait un escroc.

Alors, l'avenir des cyclistes, est-il dans la jeunesse ? Pas sûr, la mentalité du spectateur a changé, mais pas celle du coureur, on veut continuer le vélo le plus longtemps possible, et ça c'est beau. j'espère en tout cas que cet article fera prendre conscience à certains que Horner est peut-être propre, que Evans peut gagner le Giro, et que la vieillesse, c'est peut-être l'avenir...